vendredi 30 mai 2014

Je me trouvais forte

Oui, je me trouvais forte. Qu'on soit bien d'accord, je suis triste et j'ai le coeur brisé. Mais je me trouvais forte, je me suis mise à fond dans mon boulot, j'ai fait des choses pour moi, j'ai vu des copines, j'ai profité sans me prendre la tête sur les horaires, les piqûres, l'organisation, j'ai repris le sport. La semaine dernière j'étais en formation, j'ai parlé de notre parcours à 1 des collègues avec qui je m'entends bien, moi qui en parle très peu.

Ca, c'était jusqu'à ce week end.
Je suis allée au baptême de la fille de ma meilleure amie, avec mon homme. Elle habite à 2 heures de route de chez nous, et là bas on retrouvait notre autre amie (que nous appellerons Pipelette). Ca fait 15 ans qu'on se connait, la vie nous a éloignées géographiquement mais on reste très proches. On se voit assez régulièrement, avec l'une ou avec l'autre, mais c'est rare qu'on se retrouve "les 3". Et là, c'était la vraie occasion, on avait vraiment hâte de se voir.
Ma meilleure amie est au courant de tout, elle me ramasse quand je suis au 36ème dessous, on s'appelle 1 heure quasi tous les jours, bref, elle suit tout. Et pour une "fertile", elle passe à côté de pas mal de clichés, et c'est rare que ses mots me blessent.
Avec Pipelette (qui a une fille aussi, mais est divorcée et a la garde à mi-temps), on s'appelle beaucoup moins, elle n'était même pas au courant pour la FIV. Parce que oui, j'ai un caractère de merde, et si tu ne me demandes pas de nouvelles je ne t'en donne pas. Et je lui en voulais de ne pas m'en demander. Parce qu'elle n'était pas au courant de la FIV mais elle connaissait nos galères. Et les messages style "coucou, juste pour te dire que je suis en pleine FIV, et que j'ai besoin de soutien", j'y arrive pas. Donc j'appréhendais un peu.

Finalement la joie de se voir a un peu évincé tout ça. On a fait le samedi soir les 6 avec les parents de ma meilleure amie. J'ai senti la tristesse monter doucement, les larmes pas loin de sortir... Je ne sais pas si c'était de les voir ou de les entendre parler de leurs filles respectives, mais il y avait quelque chose. Oui parce que, même sans hormones, mes larmes continuent de monter sans raison, et j'ai l'impression d'être plus émotive qu'avant.

On fait le baptême le Dimanche. Pendant la cérémonie, l'émotion m'a envahie (pourtant je ne suis pas du tout fan des églises et de ce genre de choses, je ne suis jamais allée au cathé et je ne suis même pas baptisée). Mais de voir tous ces couples avec leurs enfants, ma meilleure amie en train de baptiser sa fille de 3 ans, le fait d'être ensemble, le discours du père sur les autres... Et puis c'était quand même la fête des mères.... Je me suis mordue les joues toute la cérémonie.
En sortant, je dis à mon homme que j'avais un gros cafard. Et là, je m'effondre. La peur de ne jamais connaitre le bonheur d'avoir des enfants, nous étions le seul couple sans enfants, le manque quotidien de mes amies les plus proches... 
J'ai eu du mal à me calmer, et je ne voulais pas non plus pourrir la fête, heureusement qu'il faisait beau et que j'ai pu sortir mes lunettes de soleil. J'ai géré. Et puis Pipelette est venue vers moi, elle pleurait aussi, et là on s'est effondrées dans les bras l'une de l'autre. Je voyais qu'à l'église elle était à fleur de peau aussi mais je ne savais pas pourquoi. Et là elle me dit que sa fille lui manque, et aussi que ça la rend triste de me voir aussi triste, et que c'est ce qui la fait pleurer. Elle s'en veut aussi beaucoup de ne pas être plus proche, et s'en excuse. 
Je me suis rendue compte que j'étais de plus en plus égoiste, et que j'ai du mal à me tourner vers les autres. J'ai vraiment l'impression que j'ai changé depuis le début des traitements, je suis devenue plus triste, égoiste, aigrie, moins empathique avec les autres. Je ris moins qu'avant, je pleure beaucoup plus facilement. Je crois que je suis devenue une personne que je n'aime pas beaucoup... Et ça me rend triste d'être comme ça. Triste de ne pas réussir à me réjouir pour les amis qui vont être parents. Triste d'être jalouse, aussi. Et puis d'avoir l'impression d'être incomprise. Que personne ne mesure l'ampleur de l'espoir, et de la douleur de tout ces traitements. L'impuissance, et l'injustice aussi, que l'on ressent toutes.

Encore aujourd'hui, une annonce de grossesse sur fbook, genre "un mini-nous pousse en ma chérie alors qu'il n'était pas prévu, mais c'est normal parce qu'on s'aime fort bla bla bla" : parce que nous on s'aime pas fort en fait?!, des photos de celles qui sont enceintes... Je crois que je vais me désinscrire, ça m'évitera des gros pincements au coeur et des larmes au milieu de la journée au taf....

C'est un billet tristounet, mais j'avais besoin de vider mon sac.
(J'ai mis presque 1 semaine à le pondre, j'ai un peu de mal à mettre des mots sur tout ça...).

Haut les coeurs, soyons fortes!


7 commentaires:

  1. Tout ce par quoi tu passes comme émotions, est normal. La douleur, la tristesse, le fait de se renfermer sur soi... Tout ce que l'on vit est très difficile, et ça nous change forcément, comme n'importe quelle épreuve de la vie.
    Je ne culpabilise plus de ne pas m'occuper ou m'intéresser aux autres à certaines périodes. Les copines de galère, oui, mais les autres, leurs problèmes de "riches" me passent par-dessus. Ne culpabilise pas.
    Avec le temps on apprend à vivre comme ça, on prend sur soi parfois pour aller vers les autres, et puis on reste parfois dans notre bulle quand on en a besoin. Ça permet aussi de faire du tri dans les VRAIS amis et les autres.
    Pour les larmes, je ne sais que dire, je suis une vraie madeleine depuis 5 ans.

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    1. Merci pour tes mots qui me rassurent.
      Comme tu dis, ça permet au moins de faire du tri entre les vrais amis et les autres...
      Des bises à toi

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  2. Je suis désolée de te lire toute triste... Non ne t'en fais pas, tu n'es pas fondamentalement égoïste, c'est conjoncturel !
    Puis tu n'es pas égoïste du tout d'ailleurs, pour preuve, tu t'enquiers même des copinautes...
    Je te souhaite d'aller vite mieux.
    Bises

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    1. Ce qui me rassure, c'est qu'en lisant les blogs je me rends compte que les pmettes ont l'air d'avoir plus ou moins les mêmes ressentis.
      Et puis avec les copinautes c'est pas pareil, on se comprend!
      Bises à toi!

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  3. Je viens de me relire, et j'ai oublié quelque chose l'autre jour: une PMette est plus forte que n'importe qui d'autre.
    T'as vu tout ce par quoi on passe physiquement et psychologiquement?! Alors ôte toi cette idée saugrenue de la tête. TU ES FORTE. Ne cherches pas plus loin.

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    1. Merci, merci et encore merci, ça me fait énormément de bien de te lire

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  4. Merci, merci et encore merci, ça me fait énormément de bien de te lire

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